Autocollants antimusulmans et nazis : la Licra Loiret se félicite du verdict

Le jeudi 28 août 2025, le tribunal correctionnel d’Orléans a jugé un homme poursuivi pour avoir apposé dans l’espace public, notamment dans les rues d’Orléans et sur le campus universitaire de La Source, des autocollants à caractère antimusulman et nazi. Quatre chefs d’inculpation étaient retenus à son encontre à l’issue de l’enquête de police.

Lors de l’audience, le prévenu, Thibaud C., âgé de 19 ans, s’est présenté comme un « passionné d’histoire ». Il s’est ensuite défini comme « patriote » engagé dans une « guerre contre les antifascistes », estimant qu’il n’existait « aucun danger fasciste en France ». La Licra Loiret souligne que ce type de rhétorique est caractéristique de la propagande d’extrême droite, héritière de l’histoire de la collaboration avec les régimes fascistes de Franco et de Mussolini.

Au cours de l’enquête préliminaire, le prévenu avait également déclaré que l’Europe serait menacée par une immigration musulmane massive qui transformerait notre civilisation, affirmant que « personne ne fait rien ». Les investigations ont révélé son implication précoce dans plusieurs organisations d’extrême droite : la Cocarde étudiante dès l’âge de 16 ans, une proximité avec l’Action française et une adhésion, un temps, au mouvement Les Jeunes avec Zemmour. Il a reconnu avoir lu des ouvrages de ce dernier. La Licra Loiret rappelle que la « théorie du grand remplacement », régulièrement invoquée par Éric Zemmour, n’a jamais été validée par une recherche universitaire ou par une publication scientifique sérieuse fondée sur des méthodes rigoureuses en sciences sociales.

Au cours des débats, Monsieur le Procureur de la République a demandé au prévenu s’il connaissait la différence entre « patriote » et « nationaliste ». Devant son incapacité à répondre, il a rappelé qu’un patriote inclut l’ensemble de ses concitoyens dans la communauté nationale, tandis qu’un nationaliste désigne des boucs émissaires à exclure selon des critères ethniques, religieux ou de genre. La Licra Loiret salue ce rappel fondamental, soulignant qu’une telle idéologie d’exclusion est précisément celle du IIIe Reich, de ses alliés fascistes et du régime de Vichy, qui ont instauré des discriminations et des interdictions professionnelles visant notamment les Juifs.

Le Procureur a également relevé la contradiction entre l’attachement revendiqué du prévenu à l’histoire de France et l’usage ostentatoire de symboles nazis tels que le Totenkopf ou le Soleil noir de la SS, emblèmes de l’occupant allemand. Pour le prévenu, il ne s’agissait que d’une « guéguerre d’autocollants » contre les mouvements antifascistes locaux. Il a en outre reconnu avoir diffusé des stickers à l’effigie de la « brigade Puaud », en référence à Edgard Puaud, ancien militaire français devenu commandant de la division SS Charlemagne connue pour son anti communisme et avoir assuré la protection du bunker d’Hitler, ainsi que d’autres symboles nazis.

Le prévenu a reconnu avoir brûlé un drapeau frappé de symboles nazis ainsi que des ouvrages négationnistes interdits à la vente. Il a également exprimé son intention de se reconvertir dans l’animation de cours de musculation. La Licra Loiret alerte sur le danger que pourrait entrainer l’ouverture, au cœur de la cité johannique, d’une salle de sport dirigée par un individu porteur d’une idéologie d’extrême droite. L’exemple de certaines structures implantées à Lyon montre qu’elles peuvent devenir de véritables bases arrières : recrutement et entraînement physique de militants d’ultra-droite, diffusion d’une idéologie haineuse, et organisation d’actions violentes en centre-ville visant des immigrés, des musulmans ou encore des personnes LGBTQIA+.

Les représentants de la Licra étaient présents au tribunal Â© Radio France – Patricia Pourrez

À l’issue des débats, le tribunal correctionnel d’Orléans a condamné Thibaud C. à six mois d’emprisonnement avec sursis probatoire pendant deux ans. Durant cette période, il devra suivre une obligation de soins, travailler ou poursuivre des études. Il est également condamné à 70 heures de travail d’intérêt général, à une interdiction de port d’armes, ainsi qu’à une interdiction de se présenter à une élection pendant trois ans. Il devra indemniser les parties civiles : 500 € pour préjudice moral et 400 € au titre de l’article 475-1 du Code de procédure pénale à chacune des associations constituées parties civiles ; 1 109 € à Orléans Métropole.

La Licra Loiret se félicite de cette condamnation exemplaire, qui envoie un signal clair contre la banalisation des discours et symboles racistes, xénophobes, nazis et fascistes dans l’espace public.

La Licra Loiret adresse ses remerciements à son avocate bénévole, Maître Nelsie-Cléa Kutta Engome, ainsi qu’aux adhérents présents lors de l’audience.

Le bureau de la Licra Loiret et sa présidente, Joëlle Gellert

La presse en parle :

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