À l’attention de monsieur Serge Grouard, maire d’Orléans
Alfred Dreyfus, une histoire orléanaise
Monsieur le maire, La Licra Loiret sollicite de votre bienveillance la dénomination, au sein de la commune d’Orléans, d’une rue, d’une place ou d’un square au nom d’Alfred Dreyfus. Il s’agit d’une demande à la fois modeste dans sa forme et majeure dans sa portée symbolique.
Dreyfus a connu Orléans. Il y arrive en mars 1918, affecté au commandement du parc d’artillerie de la cinquième région militaire, situé rue du Parc, dans le quartier Dunois. Il y demeure jusqu’en janvier 1919. Et pourtant, aucun lieu de notre ville ne vient rappeler ce passage, cette présence. Nulle trace mémorielle à ce jour dans la cité johannique…
Dans un contexte marqué par la réapparition brutale d’un antisémitisme décomplexé, et alors que les fondements mêmes de notre pacte républicain sont fragilisés, nommer un espace public Alfred Dreyfus serait porteur de sens, illustrant dans le territoire de la ville notre promesse républicaine et rappelant la mémoire d’un homme qui « se refusa toujours à désespérer de la République, de la Patrie et de l’Armée » comme le soulignait récemment le chef de l’État.
Faut-il évoquer l’affaire ? Alfred Dreyfus, officier français, juif, Alsacien demeuré fidèle à la France après 1871, faussement accusé de trahison au profit de l’Allemagne. Condamné sur la base de faux documents, dégradé en place publique, envoyé au bagne. Dreyfus incarne la victime absolue de la raison d’État, broyée par une mécanique antisémite dans laquelle l’armée, la presse, le monde politique et une large frange de l’opinion furent complices ou aveuglés par les préjugés.
Et même si la République a fini par reconnaître son erreur, même si Dreyfus a été officiellement réhabilité après 55 mois de bagne et douze années de procédures, l’homme n’a jamais cessé de porter en lui le poids de l’infamie. Son nom, il le craignait stigmatisé à jamais. Sa descendance, disait-il, risquait d’en porter le fardeau.
Aujourd’hui, sa famille, que la Licra Loiret a rencontrée, œuvre depuis trois décennies pour que son nom incarne, enfin et pleinement, ce qu’il est devenu : une figure du courage civique, de la fidélité aux principes républicains, de la lutte pour la vérité contre l’oppression. Et c’est bien cette signification qu’il revêt en 2025.
L’Affaire Dreyfus a transformé la France en un laboratoire historique des tensions entre tradition et modernité, révélant les lignes de fracture comme les ressources morales de la République. Elle reste, au XXIᵉ siècle, un repère incontournable pour comprendre les débats contemporains sur la justice, la laïcité, la citoyenneté, et la lutte contre les discriminations.
Monsieur le Maire, nous vous proposons d’inaugurer ensemble cette rue, cette place ou ce square Alfred Dreyfus, aux côtés de ses descendants.
Ce serait un geste fort. Pour que l’histoire ne soit pas tue, et qu’Orléans, loin de rouvrir la blessure, devienne un lieu de reconnaissance et de mémoire partagée. Pour que notre ville ne soit pas le théâtre d’une nouvelle affaire Dreyfus !
Le bureau de la Licra Loiret et sa présidente, Joëlle Gellert
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